Banner Comment le changement climatique peut affecter le vignoble français ?

Comment le changement climatique peut affecter le vignoble français ?

Avec une augmentation de + 1,7°c de la température moyenne en France, depuis 1900, le changement climatique est bien là avec une accélération depuis 1980. L’agriculture est la première activité touchée par ce changement qui induit des modifications des cycles végétatifs des cultures et augmente les aléas climatiques compromettant la production et, dans les cas extrêmes, la viabilité des cultures et des exploitations.

Le vignoble Français n’est pas épargné par cette évolution du climat qui impacte à la fois la pérennité de la vigne mais, également, la qualité de production. L’adaptation au climat est un enjeu majeur de la filière afin de préserver son outil de production, sa typicité et ses exploitations.

L’augmentation des températures s’est accompagnée par des hivers plus doux, une augmentation de l’évapotranspiration de la plante (donc de ses besoins hydriques) mais aussi par des épisodes de sécheresses plus fréquents, plus intenses et plus précoces. Cette hausse de température conduit à une avancée du cycle végétatif de la vigne. Depuis 1970, on constate une avancée de près de 2 semaines à la fois sur la date de débourrement mais aussi sur la date de récolte. Cette évolution n’est pas sans conséquences d’autant qu’elle se surajoute à une contrainte hydrique forte et à des risques climatiques plus accrues tels que le gel.

Le changement climatique impacte le vignoble à la fois sur son le rendement, et le développement végétatif de la plante, mais aussi sur le développement des baies, et donc de la maturité de la récolte.

  • Impact sur le développement végétatif :

Avec des hivers plus doux, la vigne démarre son cycle plus tôt. En moyenne, les vignes repartent en végétation 2 semaines plus tôt qu’il y a 20 ans. Bien qu’avec la hausse des températures, on constate une réduction des épisodes de gel de Printemps, il semble que les épisodes « intenses » de gel (<-5°c) soient, quant à eux, stables. En d’autres termes, en démarrant plus tôt, la vigne est plus sensible aux gelées susceptibles de se produire au Printemps. En effet, des températures de -2°c peuvent entrainer des graves dégâts sur les bourgeons et les jeunes rameaux impactant la production à venir, et même la future.

2021 est l’exemple parfait concernant l’impact du gel sur la filière viticole Française. L’hiver doux a conduit à un débourrement anticipé des vignes partout en France. L’épisode de gel survenu en Avril, d’une intensité exceptionnelle et associé à l’avance de végétation, a eu des impacts dramatiques sur les vignes. Jamais la production vitivinicole n’aura été aussi basse depuis 45 ans. Mais ces épisodes ne touchent pas que la vigne, la production arboricole a, également, été fortement impacté.

Associé à cette hausse de température, la variabilité saisonnière des pluies a conduit à des déficits hydriques de plus en plus sévères et tôt durant le cycle végétatif. Bien qu’adapté à supporter des contraintes hydriques modérées, la récurrence, l’intensité et la précocité de ces contraintes impactent le développement de la vigne et son activité photosynthétique. Ce qui a pour conséquence d’impacter la fertilité de la vigne, sa mise en réserve et la fragilise.

Des déficits hydriques dès le débourrement compromettent la vigueur de la vigne et la différenciation des bourgeons. Ce qui a pour conséquence d’agir sur la fertilité de la vigne pour l’année N mais, également, d’impacter le potentiel de production de l’année N+1.

Les vagues de chaleur, associées à une contrainte hydrique forte, conduisent à des blocages de végétation qui peuvent impacter grandement le rendement mais aussi la qualité de la récolte et la viabilité de la vigne. En effet, dans des cas extrêmes, la surface foliaire se réduit fortement impactant le développement des baies mais aussi la mise en réserve de la plante en vue de l’année suivante.

  • Développement des baies :

En début de cycle, les déficits hydriques et les fortes températures nuisent à la floraison et à la multiplication cellulaire des baies, déterminant le volume final de la baie. Ces contraintes hydriques ont un impact négatif sur le potentiel de production de la vigne. Attention, l’excès d’eau est aussi préjudiciable à la floraison et au développement de la baie.

L’altération de la surface foliaire conduit à des blocages de maturité des baies et à des flétrissements. On constate une augmentation du taux de sucre et une diminution de l’acidité dans les baies. Pour préserver le potentiel qualitatif de la vigne, il est important de maintenir une surface foliaire exposée active et saine. Le maintien de cette surface foliaire est très important, également, pour la mise en réserve de la plante et donc la préparation de l’année suivante.

Le dépérissement du vignoble est certainement en partie lié à ces évolutions climatiques qui fragilisent le végétal face aux aléas climatiques extrêmes et aux maladies.

Avec le changement climatique, on voit une fréquence et une récurrence des épisodes extrêmes (vague de chaleur, inondation, sécheresse intense, gelée sévère, …) de plus en plus forte impactant profondément nos sociétés, et pas uniquement le monde agricole. La difficulté n’est pas de s’adapter mais bien la vitesse et l’intensité de ce changement qui rend essentiel une coopération forte et collective. La filière vitivinicole Française cherche des moyens d’adaptation pour maintenir son patrimoine, la typicité de ses produits, son savoir-faire et ses exploitations. Des outils existent et d’autres vont apparaître mais la clé de la réussite est une prise en compte globale de ce changement et l’association de plusieurs outils permettant de créer une viticulture plus résiliente, durable, respectueuse de l’Homme, de l’Environnement et garante de produits d’exceptions.