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PILOTAGE DE L'IRRIGATION

EN QUOI L‘IRRIGATION DE LA VIGNE PEUT AIDER LE VIGNERON A CONTRÔLER LE RENDEMENT ET LA QUALITE DE SA VENDANGE?

On estime que la consommation d’un ha de vigne en zone languedocienne se situe entre 200 à 300 mm/ha/an. Afin de subvenir à son alimentation hydrique, la vigne puisera ces 300 mm/ha/an dans la Réserve Utile du sol et dans les précipitations estivales.
Ces 300mm sont donc un minimum vital. Ils assureront une production « normale » et la pérennité du vignoble.

IRRIGATION ET RENDEMENT :
L’eau est l’un des principaux constituants importés par la baie de raisin. Une régulation de l’alimentation hydrique de la vigne aura pour effet immédiat de modifier le volume de la baie. Pour certains types de vins, c’est le rendement qui assure au vigneron un revenu/ha lui permettant de poursuivre son activité. Avec des apports d’eau modérés, le vigneron pourra améliorer sa productivité à l’ha. En pratiquant des apports d’eau en faible quantité de manière journalière ou hebdomadaire, il pourra ainsi amortir en 1 à 3 récoltes son installation.

IRRIGATION ET PERENNITE DU VIGNOBLE :
Face aux sécheresses estivales de plus en plus fréquentes et aux hivers parfois secs, l’irrigation des vignes et surtout des plantiers est la seule protection efficace contre les dégâts dûs à une contrainte hydrique trop forte.
En rechargeant la réserve utile du sol avant débourrement, en maîtrisant la contrainte hydrique du cep pendant la saison végétative et en améliorant la mise en réserve des ceps après vendanges, l’installation goutte à goutte devient l’outil de conduite du vignoble qui va permettre au viticulteur de préserver son capital travail.

IRRIGATION ET TYPICITE DES VINS :
Devant un climat qui se modifie, l’irrigation de la vigne apparaît comme le dernier rempart de préservation de la typicité de certains vins AOC. Alors que pour beaucoup d’entre eux, leurs critères agropédoclimatiques ont été définis à une époque ou les conditions météorologiques étaient stables, la gestion de la contrainte hydrique via l’irrigation permet lors d’épisodes climatiques atypiques de retrouver leurs caractères organoleptiques initiaux, gage de leur typicité. En gérant les équilibres de la surface folière exposée (SFE) et rendement, ainsi que les phases de grossissement de la baie, l’équilibre qui se faisait jadis naturellement est retrouvée.

IRRIGATION ET QUALITE : 
Si la qualité peut être définie à partir de la composition biochimique de la baie de raisin, dans quelle mesure la gestion de la contrainte hydrique de la vigne par un système de goutte-à-goutte peut elle améliorer la qualité ?
C’est en connaissant tous les éléments qui composent la baie de raisin et leur interaction que l’on trouvera une partie de la réponse. Pour certains cépages, c’est la couleur que l’on pourra améliorer. En modifiant le ratio pellicule/pulpe, on modifiera la robe du vin.
C’est dans le processus compliqué et long de l’extraction des arômes, qu’une bonne maîtrise de l’irrigation peut venir s’additionner aux autres outils et techniques, dans le souci d’optimiser la perception du potentiel arômatique des vins.
Qu’ils soient contenus dans la pulpe ou dans la pellicule du raisin, certains types de précurseurs d’arômes ont un seuil de perception très bas, développant malgré tout des odeurs puissantes.
Ainsi, en favorisant l’évapo-transpiration des feuilles par une alimentation hydrique adaptée, on préserve l’activité photosynthétique et par la même tout le processus de chargement en sucres de la baie, chargement en sucres qui est étroitement corrélé au stade de maturation et maturité du raisin. En effet, certains précurseurs aromatiques type thiols ou terpène semblent avoir des cycles de développement étroitement positionnés au début et à la fin de la maturité. Combiné à une date de vendange, le vigneron a donc la possibilité de trier sa vendange pour obtenir un type de vin particulier.
Ce scénario n’est possible que si le producteur a la possibilité de maîtriser l’alimentation hydrique de son vignoble.

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GESTION DE LA CONTRAINTE HYDRIQUE :
Ce schéma tente de résumer la contrainte hydrique idéale de la vigne tout au long de son cycle végétatif, en fonction des objectifs qualitatifs recherchés pour répondre à un marché.
Pour les cépages blancs (itinéraire 1), il est important d’éviter toute contrainte hydrique sévère depuis le débourrement jusqu’à la véraison. En fonction du cépage, des critères agropédoclimatiques de la parcelle et des objectifs du vigneron, les niveaux de contraintes et les apports d’eau seront sensiblement différents.
Pour les vins rouges (itinéraire 2), la contrainte hydrique sera plus forte à l’approche des vendanges.
Dans les deux cas, avec ces types de scénarios, on cherchera à exprimer le maximum d’arômes de fruits frais.
Dans les deux cas, la véraison semble être un tournant dans l’organisation du programme de l’irrigation.
Pour des cépages blancs, les contraintes hydriques élevées sont à éviter, car néfastes à l’expression aromatique des vins. Il en est de même pour les rouges, seuls les seuils de contrainte étant différents.

D’autres scénarios sont possibles :
L’itinéraire 3 est adapté pour la conduite de vignoble à forte production (sup. à 100 hl/ha).
Enfin, les arômes, peuvent aussi être liés à l’exposition des grappes au soleil. Pour les blancs, une exposition trop importante due à une défoliation importante du cep suite à une contrainte hydrique sévère, modifie considérablement la concentration de certains précurseurs d’arôme. Il est donc important de maintenir un feuillage efficace jusqu’aux vendanges.
Enfin, une irrigation après vendange permet de conserver un feuillage actif, favorisant une meilleure mise en réserve et un meilleur aoûtement.