L’adaptation des pratiques d’irrigation face aux nouveaux enjeux climatiques.
En France, le maïs est la principale culture consommatrice d’eau d’irrigation. D’un point de vue agronomique cette plante est très efficiente dans son utilisation de l’eau, son ratio de matière produite ou de rendement par quantité d’eau absorbée est très élevé. Et pour cause, le maïs a un métabolisme dit en C4 : il est capable de poursuivre son activité photosynthétique même sous de fortes chaleurs, car la fixation du carbone se poursuit dans un autre compartiment de la feuille, même une fois les stomates refermés.
On estime que pour produire 1 kg de maïs grain, seuls 450 litres d’eau (250 l pour du maïs fourrage) s’avèrent nécessaires. En comparaison pour produire 1 kg de blé il doit recevoir 600 litres et 900 l pour le soja.
Dans des conditions de températures élevées, comme celles que nous avons en été, le maïs est l’une des plantes qui utilise le mieux la ressource en eau. Mais pour que la production soit viable, des apports en eau sont souvent incontournables.
Face à la diminution de la ressource en eau en été, l’une des solutions va être d’améliorer la qualité des irrigations. L’irrigation goutte à goutte avec son apport localisé, son uniformité et sa très faible pluviométrie (inferieure à 2mm/h) permet d’augmenter l’efficience de ces apports.
LES AVANTAGES D’UNE IRRIGATION GOUTTE à GOUTTE SUR LE MAIS :
- Meilleure utilisation de l’eau (augmentation rendement et/ou diminution consommation d’eau).
- Economies d'énergie, pression de fonctionnement plus faible.
- Economie d'eau, moins de perte par évaporation ou dispersion par le vent.
- Possibilité d’apports des nutriments par fertirrigation.
- Réduction des intrants (engrais en unités / ha, traitements phytosanitaires, moins d’adventices).
- Moins de compactage du sol.
- Gain de temps grâce à l’automatisation du système.
- Amélioration de la qualité des grains (en termes de mycotoxines).
- Adaptation aux différentes formes de parcelles.
- Discrétion et uniformité.
L’irrigation mobile (enrouleur ou pivot)
L'irrigation mobile génère un stress hydrique chez les plantes, induit par de fortes fluctuations d'humidité sur un cycle long, entraînant une perte en eau. Son efficience est comprise entre 50 et 85%.
L’irrigation goutte à goutte
L'irrigation goutte à goutte évite le stress hydrique des plantes, permettant un équilibre entre l'eau, l'air et les nutriments ; son efficience est supérieure à 90%.
Il existe deux dispositifs d’irrigation au goutte à goutte pour la culture du maïs, soit les lignes de goutteurs sont déroulées en surface, soit ces lignes sont enterrées.
Le goutte à goutte enterré
L'irrigation en enterré, bien que maitrisée depuis plusieurs décennies, est toujours considérée comme la technique d’irrigation la plus innovante. Elle est réservée aux producteurs qui ont choisi une technique de travail du sol sur une faible profondeur. Les tuyaux sont enterrés à une profondeur moyenne de 30cm. Le tuyau est conçu pour résister de nombreuses années, à condition de fournir un entretien minimal mais régulier du réseau. Cette installation n’a pas besoin d’être démontée ou déplacée, elle reste en place tout le temps et son automatisation permet une gestion très simplifiée.
L’investissement initial plus lourd et son installation plus complexe doit être pris en compte, son retour sur investissement calculé sur le long terme. Les avantages agronomiques et pratiques par la suite sont en revanche nombreux : efficience, discrétion, moins d’adventices, gain de temps, usage des ressources raisonné…
Le goutte à goutte en surface
C’est la méthode majoritairement utilisée dans le monde.
On peut installer soit des gaines recyclables à paroi fine type Streamline (inférieure à 250µm d’épaisseur) qui vont être renouvelées chaque année. Dans ce cas le cout d’investissement est moindre mais le cout de fonctionnement est plus élevé. En fin de saison, le goutte à goutte est collecté pour intégrer un circuit de recyclage.
Soit on utilise des lignes de goutteurs sur touret à paroi épaisse type DRIPNET ou UNIRAM (supérieur à 1mm) que l’on va stocker et réutiliser chaque année. L’investissement est plus important à la base mais il n’est pas nécessaire de le renouveler chaque année. Les goutteurs utilisés sont généralement plus performants avec une option de contrôle de débit au niveau du goutteur et donc une uniformité parfaite sur l’ensemble de la surface irriguée.
Les lignes de goutteurs sont installées au milieu de l’inter-rang, tous les deux rangs, soit environ tous les 1.4m.
Le travail de pose est effectué au stade 5-6 feuilles. Il faut environ 5h/ha au total pour dérouler les lignes de goutteurs puis pour leur raccordement à la ligne d’amenée d’eau. Le démontage plus court, 1,5 h/ha à deux personnes soit 3 h/ha, se fait après récolte. Avec des gaines d’irrigation recyclable, la pose et la dépose est plus rapide on peut gagner 1h/ha par opération.
La pose et la dépose du système sont totalement mécanisées via des dérouleuses et enrouleuses hydrauliques, elles permettent de dérouler jusqu’à 6 bobines de goutte à goutte par passage.
Le système proposé a été pensé pour une installation la plus facile possible et pour être totalement démontable hors période d’irrigation. Les porte-rampes peuvent être un tube flexible en polypropylène tressé type Flexnet très résistant, pour permettre le passage d’engins dessus, et très léger pour faciliter l’installation et le stockage.
Pour éviter les fuites, il doit comporter des sorties intégrées soudées en usine pour amener l’eau aux lignes de goutte à goutte et grâce à des connexions rapides et sécurisées le gain de temps est maximal lors de l’installation. Il est ensuite réenroulé et stocké simplement en fin de saison pour la prochaine utilisation.
Avec une évolution continue depuis plus de 30ans l’irrigation du maïs via le goutte à goutte propose aujourd’hui des solutions très fonctionnelles, simples d’installation et d’utilisation. Avec un système d’irrigation fixe à la parcelle et l’automatisation du système, la gestion est très simple pour le producteur et le gain de temps est optimal.
Avec la pression accrue sur la ressource en eau en période estivale, l’efficience des méthodes d’irrigation va être un facteur clé pour l’acceptation sociétale de l’irrigation du maïs. L’irrigation goutte à goutte offre le meilleur potentiel d’économie d’eau dans ce domaine.
Au-delà des gains en eau la technologie goutte à goutte avec des pressions de fonctionnement très basse (de l’ordre de 2 bar) permet des économies d’énergies substantielles.
Ces économies d’énergies peuvent aller jusqu’à 50% par rapport à des enrouleurs. Dans le contexte actuel d’augmentation des couts de l’énergie ces économies rendent le dispositif de plus en plus compétitif.
La ferti-irrigation représente un gain de compétitivité important pour le producteur.
Il s'agit d'utiliser l'eau d'irrigation pour apporter aux plantes les éléments nutritifs dont elle a besoin pour son développement. Cela permet d'utiliser plus efficacement les engrais.
L’apport de la solution " eau + éléments nutritifs " est réalisé dans la zone où l’activité des racines est la plus importante. Le bon équilibre " air + eau + éléments nutritifs " permet une assimilation rapide et très efficace des nutriments. Les excès et les carences sont ainsi fortement limités.
C’est d’autant plus vrai avec l’augmentation des couts des engrais et le durcissement des normes environnementales. La diminution des apports en engrais permet de rapidement amortir l’équipement de ferti-irrigation. D’autant plus que cet investissement reste relativement minime.
Le plus gros investissement est réalisé lors de l’achat du système d’irrigation localisée.
Seule l’acquisition d’un système d’injection des fertilisants est nécessaire pour la mise en œuvre de cette pratique. Le raccordement au réseau reste simple, très économique et facilement automatisable. Le réseau d’irrigation devient ainsi un système fixe et précis de distribution.
Les gains que l’on va avoir en pratiquant la ferti-irrigation vont être variables.
Des études nous permettent néanmoins de donner quelques ordres de grandeur les économies que l’on réalise avec cette technique. L’efficience va représenter la quantité de nutriments réellement utilisés par la plante par rapport à la quantité de nutriments apportés via la fertilisation.
Sur de l’Azote il a été démontré que l’on gagne environ 40% d’efficience avec la ferti-irrigation.
Sur du Phosphore et ou du Potassium ce gain se situe aux alentours de 20%.
La crise énergétique, qui impacte les couts d’irrigation et les couts de la fertilisation, la diminution de la ressource en eau en période estivale, la problématique de gestion de la main d’œuvre et le durcissement des normes environnement font que l’outil de production du producteur de maïs se doit d’être de plus en plus efficient.
Les systèmes de distribution d’eau et de fertilisant par goutte à goutte sont l’un des outils de production qui permettent de s’inscrire dans cette démarche de produire plus avec moins.
Depuis de nombreuses années ces systèmes sont largement utilisés dans les zones où la contrainte sur la ressource en eau est déjà existante. Avec le dérèglement climatique, de nouvelles zones de production de maïs vont devoir apprendre à utiliser ces outils pour s’adapter à ces nouvelles contraintes environnementales.
Il ne faut pas regarder cet outil de production uniquement qu’en terme de rentabilité mais aussi avec la notion de sécurisation.
Est-ce qu’il ne vaut pas mieux payer un peu plus cher mais continuer d’irriguer de manière stable en sécurisant son rendement, peu importe les étés secs ?
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