IRRIGUER LA VIGNE : POURQUOI ET COMMENT ?
Après de multiples saisons avec des conditions climatiques chaotiques, les viticulteurs ont vu leur rendement baisser, leur vin s’alcooliser, leurs jeunes plants dépérir, ou l’Esca s’inviter sur leurs parcelles. Les interrogations et débats sur l’irrigation de la vigne ont ainsi fleuri partout sur le territoire. Au cœur de ces discussions, plusieurs sujets : doit-on irriguer la vigne, culture ancestrale traditionnellement non irriguée ? Cela impacte-t-il la qualité du vin ? Est-ce rentable ? Comment aller dans ce sens quand la ressource en eau s’amenuise et que la concurrence pour son usage se fait rude ?
Aujourd’hui les lois s’assouplissent, et les systèmes installés sont de plus en plus nombreux. Demeurent tout de même certains points d’ombre, en particulier sur les techniques d’irrigation et les bonnes pratiques. Pour répondre à ces questions, Netafim fait le point.
LES FONDEMENTS AGRONOMIQUES DE L’IRRIGATION DE LA VIGNE
Au cours de l’année, la vigne traverse différents stades phénologiques où ses besoins en eau et nutriments vont énormément varier, ainsi que la destination de ces ressources.
CROISSANCE VEGETATIVE : au printemps, la vigne développe ses rameaux et son feuillage. Sans une quantité suffisante d’eau, les premiers symptômes apparaissent vite : feuillage non ouvert, inter-nœuds courts. La vigne est alors très sensible à un manque d’eau : un déficit entraîne des modifications de croissance immédiates.
FLORAISON : à la floraison et durant les 3 ou 4 semaines qui suivent, il est indispensable de s’assurer que le statut hydrique de la vigne est correct. En effet, c’est à ce stade que sont déterminés le nombre de baies qui vont se développer ainsi que leur volume. Passée cette période, la division cellulaire est terminée et un excès d’eau ne compensera pas le déficit, et ne fera que gorger le fruit d’eau inutilement, en diluant ses composants. Le rendement est prédéfini à cette période.
VERAISON : les fruits commencent à changer de couleur, et le processus de maturation débute. Les sucres, anthocyanes, composés poly phénoliques et aromatiques du raisin ainsi que l’acidité (cépage blanc surtout) qui donneront plus tard sa structure au vin, se forment et s’accumulent dans le fruit. A cette période, la plante est modérément sensible au déficit hydrique. Cependant, un déficit important entraîne des conséquences lourdes.
Si la plante souffre de déficit hydrique, le feuillage ne peut effectuer la photosynthèse correctement. Pas de photosynthèse, pas de sucre, pas de maturation du raisin ! A l’inverse, trop d’eau superflue ne fera que diluer les composants dans le fruits, et appeler la plante à poursuivre sa croissance végétative la rendant ainsi encore plus gourmande en eau. C’est à ce stade qu’on peut contrôler la qualité.
POST-RECOLTE : avant d’entrer à nouveau en phase de dormance pendant l’hiver, la plante va accumuler et stocker des réserves. C’est grâce à ce qu’elle aura constitué à ce moment-là qu’elle pourra reprendre une croissance vigoureuse en début de saison suivante et différencier davantage de bourgeons vers de futurs fruits. Le rendement de l’année suivante est ainsi impacté par le statut hydrique de la vigne après la récolte !
L’irrigation va permettre d’apporter le complément que la vigne ne reçoit plus naturellement, de par des conditions climatiques changeantes. Sur une saison de production, on estime en moyenne les besoins en eau de la vigne à 400mm.
LES SOLUTIONS HYDRAULIQUES
Il y a de nombreuses raisons qui justifient le choix d’un système goutte à goutte plutôt que n’importe quel autre système lorsqu’on parle d’irrigation, en particulier de la vigne.
LE BAS DEBIT : grâce à des débits très bas, les apports sont réalisés sans déstructurer le sol ni étouffer les racines, et les pertes d’eau qu’elles soient évaporatives ou par percolation dans le sol sont limitées au maximum. L’efficience du système, traduite par le ratio de l’eau utilisée par la plante sur l’eau apportée au total est optimal.
LE RISQUE SANITAIRE : en évitant de mouiller le feuillage et d’humidifier l’atmosphère, l’ensemble des maladies liées au développement de champignons (oïdium, mildiou etc.) ne sont pas favorisées.
LA MANIABILITE : 100% automatisable, le goutte à goutte permet des apports au plus près des besoins de la plante (localisés dans le temps et l’espace) sans ajout de travail supplémentaire pour le producteur.
LA NUTRITION : parce que la plante n’a pas uniquement besoin d’eau mais également de nutriments, et ce différemment selon les stades de développement. Durant la véraison par exemple, la vigne absorbe du potassium en grande quantité afin de pouvoir réaliser le transport des sucres formés dans les feuilles vers les fruits. Des apports de potasse ou autre engrais en épandage en début de saison peuvent s’avérer inutiles car perdus après un orage dans les profondeurs du sol, ou bloqués en surface par la sécheresse. Grâce à l’intégration d’engrais solubles ou liquides dans le réseau de goutte à goutte, la vigne reçoit les nutriments en temps voulu et est apte à les absorber.
L’ENCOMBREMENT : accroché au fil sur le palissage avec du matériel conçu à cet effet, le goutte à goutte ne perturbe aucune opération mécanique comme la récolte ou le travail du sol.
LES BONS REFLEXES ECOLOGIQUES
Apporter de l’eau s’avère nécessaire. Mais afin de ne pas gaspiller cette ressource de plus en plus précieuse, tout en ne prenant pas le risque de sous-alimenter sa vigne, des outils d’aide à la décision sont fortement recommandés. Deux méthodes principales : une gestion basée sur les conditions climatiques ET/OU une gestion basée sur l’humidité du sol en temps réel.
Méthode 1 : Mesure de l’humidité du sol
Des pluies fréquentes mais légères peuvent maintenir l’illusion d’un sol humide ou d’une vigne ayant accès à l’eau. Souvent il n’en est rien. Grâce à l’installation de sondes mesurant l’humidité du sol (ou sa sécheresse) à différentes profondeurs, nous pouvons calibrer un seuil d’alarme indiquant quand le sol commence à s’assécher au-delà des limites voulues via le producteur. De même, si le sol en profondeur est très humide, c’est sans doute que les irrigations sont trop abondantes et qu’une économie peut être réalisée sans endommager la plante.
Le pilotage est un atout puissant lorsqu’on veut raisonner sa consommation en eau et optimiser son rendement. Bien que n’étant pas le plus simple pour tous, il demeure la technique la plus fiable pour maîtriser sa gestion de l’irrigation.
Méthode 2 : Evaluation de la demande climatique
L’eau a un cycle naturel : elle passe de l’atmosphère au sol par les pluies et cours d’eau, du sol à la plante via les racines, puis des feuilles vers l’atmosphère à nouveau par transpiration. Des lois physiques dictent ces mouvements. En ce qui concerne le transfert de l’eau de la feuille vers l’atmosphère, il est déterminé par les conditions séchantes de l’atmosphère : température, vent, rayonnement, humidité etc. Nous pouvons ainsi estimer combien d’eau est transpirée grâce à des méthodes de calcul simplifiées.
Ainsi, l’eau nécessaire chaque jour est égale à l’évapotranspiration de la vigne (ETc). Celle-ci est calculée grâce à une évapotranspiration référence (ET0) que multiplie un coefficient de culture (Kc). Le coefficient de culture est propre à chaque plante, et varie en cours de saison afin de prendre en compte les besoins évolutifs du végétal, son stade de croissance, sa surface foliaire etc. En résumé, l’ET0 dépend uniquement du climat et nous modulons ce chiffre avec notre connaissance de la physiologie de la vigne.
EXEMPLE : Si en juillet les conditions atmosphériques exigent 5mm par jour d’eau, et que le Kc de la vigne à cette période est de 0,5.
Sachant qu’il n’a pas plu depuis plusieurs semaines, nous devrons irriguer : (5 x 0,5) – 0 = 2,5 mm/jour.
Ces informations sont souvent fournies par des organismes telles que les Chambres d’Agriculture, ou certaines coopératives qui produisent des bulletins d’informations.
Pour la vigne, la gestion par le calcul de l’ETc permet de prendre en compte des types de gestion particulière visant à produire des vins de qualité : c’est la gestion dite de Déficit Régulé. De gauche à droite les Kc pour la gestion zéro stress hydrique et les Kc de déficit régulé.
La colonne de gauche donne des Kc issus de la recherche, publiés par la FAO. Pour la vigne ces Kc ne sont pas recommandés, l’agriculteur ne souhaitant pas forcément maintenir sa vigne dans le confort toute l’année : certaines productions qualitatives de rouge notamment demandent un stress modéré à certaines périodes de la saison, comme vus précédemment. Dans le cadre de ressources en eau limitées également, des apports d’eau réduits mais proportionnels sont recommandés. Les Kc de la colonne RDI sont donc des coefficients utilisés en pratique pour irriguer la vigne.
ENTERRER SON GOUTTE À GOUTTE : LA NOUVELLE SOLUTION ÉCOLOGIQUE
Les réglementations sur l’utilisation de produits phytosanitaires sont de plus en plus strictes, menant les agriculteurs à mécaniser le désherbage. La lutte contre les adventices peut devenir un calvaire, une charge de travail supplémentaire très lourde. Ne pas favoriser ces adventices mais continuer à irriguer sa culture, c’est possible, en enterrant le goutte à goutte.
Des machines simples mais spécifiques permettent cette installation, des technologies de goutteurs anti-siphon et anti-intrusion racinaire apportant sécurité et longévité au système.
Moins d’évaporation (ou plus du tout), moins d’adventice, pas de dégâts animaux ou mécaniques, invisibilité totale et esthétique : le goutte à goutte enterré est la solution de demain pour le vignoble. Déjà validée depuis plus de 30 ans en arboriculture, l’évolution des règlementations y compris en AOC permet aujourd’hui aux producteurs de bénéficier de cette technologie optimale.
Pour toutes informations supplémentaires sur les technologies existantes, leur installation, entretien, ou la gestion de l’eau, n’hésitez pas à vous rapprocher de votre distributeur.
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